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VERNISSAGE EXPOSITION ACADÉMIE ARTISTES HONFLEURAIS

 

L’Académie des Artistes Honfleurais rend hommage à Gervais Leterreux

Vendredi 1er juin 2018, Michel Lamarre, maire de Honfleur, a inauguré l’exposition annuelle de l’Académie des Artistes Honfleurais, présidée par Franck Brière, dans les greniers à sel.

L’association renoue avec la tradition, en consacrant une partie de l’exposition à une rétrospective en hommage au peintre honfleurais : Gervais Leterreux. Michel Lamarre et Franck Brière ont accueilli Simone Leterreux, épouse du peintre, et Frédéric Leterreux, le fils du peintre. Ils étaient tous deux ravis que l’AAH pense à rendre un hommage à Gervais Leterreux, 15 ans après sa disparition, leur procurant l’occasion de sortir les toiles du peintre de l’atelier pour les partager avec tous ceux qui aiment sa peinture.

Autre tradition remise au gout du jour par l’AAH : permettre aux élèves de l’Académie d’exposer aux côtés des artistes professionnels.

Par ailleurs, l’AAH a sollicité la comédienne et auteur de contes pour enfants, Marlène Jobert, pour être la marraine de l’exposition. Celle-ci a volontiers accepté, et est venue en voisine, car elle possède une résidence à Pont-l’Evêque depuis qu’elle est tombée amoureuse de la région, soit près de 46 ans maintenant.

 

Discours :

 » Chers amis,

Je suis très heureux de me retrouver parmi vous ce soir pour inaugurer l’exposition organisée par l’Académie des Artistes de Honfleur, présidée par notre ami Franck Brière.

Cette exposition d’envergure a une illustre marraine, bien connue de tous : Marlène JOBERT, actrice, comédienne et conteuse pour enfants.

L’Académie a souhaité au cours de cette exposition rendre hommage à la mémoire de notre illustre peintre honfleurais : Gervais LETERREUX dont la famille nous fait l’honneur de sa présence.

J’avais eu le plaisir d’inaugurer une belle rétrospective consacrée à Gervais LETERREUX en mai 2013 ; cela fait déjà 5 ans. C’était à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition de Gervais, décédé le 7 mai 2003.

Vous me permettrez, ce soir, de vous retracer en quelques mots le parcours de Gervais.

Il est né à Honfleur le 1er décembre 1930, rue Eugène Boudin ; ça ne s’invente pas pour un peintre … Gervais a toujours vécu à Honfleur. Il a fait ses premiers pas dans l’atelier de peinture paternel ; et c’est là qu’il a côtoyé des artistes comme Lachèvre, Saint-Delis, Gernez, Piaggi, Fischer.

Gervais a commencé à peindre dès l’âge de 13 ans, pendant l’Occupation. Il confectionnait alors des toiles avec des bouts de draps et réalisait les chassis de ses œuvres avec du bois de coffrage et du contreplaqué qu’il dérobait aux Allemands.

A l’âge de 14 ans, il passe son certificat d’études. Et après un an à Douvres la Délivrande, dans une école où il apprend le fondement des couleurs, il fréquente l’école Blot à Reims où il étudie pendant un an la décoration, la réalisation de lettres, de faux marbre, de faux bois, de patine … A l’âge de 17 ans, il sort de l’école Blot avec la mention TRES BIEN. Il est alors le plus jeune de sa promotion.

De retour à Honfleur, il travaille avec son père, entrepreneur de peinture. A l’époque, les peintres en bâtiment faisaient eux mêmes leur peinture. C’était de vrais chimistes.

Ensuite, c’est le service militaire pendant 18 mois à Rouen. Pendant son service, Gervais prenait des cours du soir aux Beaux-Arts de Rouen.

De retour du service militaire, Gervais revient à Honfleur et travaille à nouveau chez Jules LETERREUX, son père. Parallèlement, il continue à peindre des tableaux.

Il se marie en 1958 à Honfleur avec Simone CORDIER, native de Lisieux, présente parmi nous ce soir. Ils ont ensemble deux enfants, Frédéric (qui aime peindre également) et Sophie.

Gervais s’installe comme artisan, peintre en lettres décorateur à Honfleur, le 1er janvier 1959, et comme aime à le rappeler Simone, son premier client fut Pierre RANGUEN qui le sollicita pour faire des lettres sur les stores que son entreprise produisait.

Gervais se réservait une journée par semaine pour s’adonner à sa passion, la peinture sur toile. Et lorsque la famille partait en voyage, il ne fallait pas prendre trop de bagages et toujours réserver une place pour le chevalet, les toiles et les peintures …

La rencontre de Gervais avec le maître, Henri de Saint-Delis, qui avait tout de suite remarqué son bon coup de crayon, aura été décisive dans sa carrière. Et lorsqu’on évoque Gervais, on pense toujours à Saint-Delis.

Jusqu’à son dernier souffle en 2003, Gervais a peint. Sa ville natale l’a beaucoup inspiré. Il a également peint des paysages dans diverses régions de France où la famille partait en voyage, mais ce sont les éléments naturels extérieurs qui l’ont beaucoup inspiré : la pluie, le vent, la neige et bien sur les ciels tourmentés de l’estuaire.

En regardant ses œuvres, vous mesurerez l’étendue de son talent et de sa passion, passion qu’il a su transmettre à sa famille, et notamment, comme je le disais à l’instant, à son fils Frédéric.

Quel plaisir de voir la renaissance de l’Académie des Artistes de Honfleur et de retrouver les toiles de Gervais mais également celles de nombreux peintres, dans les greniers à sel, que je suis vraiment heureux de mettre à votre disposition.

Ainsi nous renouons avec la tradition : l’hommage à un grand peintre disparu, mais également l’exposition des œuvres des peintres d’aujourd’hui qui vivent à Honfleur ou dans la région, et qui, passionnés par leur art, continuent de nous faire rêver et de nous emmener par les toiles que nous contemplons dans autant de fenêtres ouvertes vers l’ailleurs, le rêve, l’imaginaire.

Je voudrais vraiment vous féliciter tous. Vous le méritez, car la peinture ce n’est pas toujours aussi facile et aisé qu’on pourrait le penser. Bien souvent de nombreux artistes et peintres notamment exercent une profession à côté de leur art, qui leur permet de mieux vivre, comme Gervais par exemple qui était peintre en lettres.

Puis avec le temps, le talent, le travail qui est important, le sens de la communication, il arrive qu’une carrière de peintre puisse naître, avec une certaine reconnaissance, et comme je le dis souvent, personne n’a à juger d’une œuvre ou d’un artiste. Il y a d’abord le respect de la création, le respect du créateur et puis ce qui plaît aux uns peut déplaire aux autres, et vice-versa.

A quoi tient la notoriété d’un peintre, même des plus grands, il y aurait beaucoup à dire sur le sujet.

Toujours est-il que Honfleur parle aux artistes depuis très longtemps déjà. Quelle est sa magie, quel est son secret ? Je crois que c’est celui d’une rencontre entre des gens, les artistes, qui ont plus de sensibilité que les autres. Ils voient ce que nous ne voyons pas. Ils ressentent ce que nous ne ressentons pas.

Et en plus, Honfleur possède une lumière magique qui change à chaque instant. Entre le ciel et l’eau, cette lumière joue avec les façades d’ardoises, les clochers, le vert des pâturages, les mouettes, les drapeaux, les fanions qui animent les tableaux. Cette magie vivante, belle, transperce les toiles et leurs auteurs. C’est ainsi que naissent des chefs-d’œuvre. Il faut en faire des kilomètres et des kilomètres pour retrouver des endroits semblables. Il n’en existe que quelques-uns sur la planète. Honfleur en fait partie ; sinon il n’y aurait jamais eu autant de chevalets, de palettes et bien sûr de peintres qui se seraient arrêtés ici depuis tant d’années.

Oui, avec ses précurseurs qu’a été notamment Eugène Boudin, Honfleur est le berceau de l’impressionnisme. Faut-il rappeler que c’est ici qu’Eugène Boudin a entraîné de force l’illustre Claude Monet pour lui apprendre à peindre sur le motif. C’est pour cette raison que nous devons souhaiter, c’est indispensable, longue vie à la peinture et aux peintres, et notamment nous réjouir de voir ceux qui peignent sans faire de commerce bien évidemment, s’installer comme d’autres l’ont fait avant eux depuis des siècles, sur les quais, sur le môle, au bord du rivage, dans les prés du Pays d’Auge et dans nos villages.

Qui pourrait comprendre que Honfleur, la ville des peintres, soit vide de leur présence. Souvent je dis que Honfleur sans les pêcheurs, ce ne serait plus Honfleur, et bien évidemment Honfleur sans les peintres ne serait plus Honfleur.

Je tiens donc fermement à assurer un avenir à nos peintres, à la culture, à la peinture et aux arts en général par la création d’une université interculturelle qui s’ajoutera au musée Eugène Boudin rénové, afin de lui donner un nouvel élan, digne de sa réputation. Cette université interculturelle, à laquelle nous pourrons ajouter la dénomination d’école de Honfleur, ouvrira des fenêtres de formation, d’apprentissage, d’expositions, de stages et d’animation à tous les amoureux de la culture et aux passionnés de musique, de peinture, de sculpture, de littérature.

Notre ambition est que dans ce musée restauré, renouvelé, sur lequel nous serons amenés à réfléchir, se trouvent des pôles interculturels : le chant, la musique, la vidéo, l’art autour des technologies nouvelles ….

Honfleur deviendra un des centres culturels les plus importants, et la résidence d’artistes dans la Lieutenance nous aidera à médiatiser ce magnifique projet et vous les artistes à travers vos œuvres.

En tant que Maire, je tiens particulièrement et depuis longtemps à ce projet. Je m’y impliquerai personnellement en y associant des gens reconnus pour leurs compétences en la matière, avec, bien sûr, Monsieur Findinier.

Je terminerai en souhaitant à cette magnifique exposition de l’Académie des Artistes de Honfleur, tout le succès qu’elle mérite. »

Michel LAMARRE

Maire de Honfleur

 

 

Article publié le lundi 4 juin 2018