HOMMAGE A FRANÇOISE LECOQ


L’inhumation de Françoise Lecoq aura lieu le jeudi 06 octobre 2022 à 15h00 à l’église Sainte Catherine 


 

 

« Je viens d’apprendre le décès de Françoise LECOQ. Cette nouvelle a rendu tristes toutes celles et tous ceux qui l’ont connue, bien évidemment les membres de sa famille, ceux qui font partie de sa chère équipe de la Société des Marins qui ont perdu leur présidente et qui se sentent, ce matin, je le sais, orphelins. Je pense également à l’ensemble des honfleuraises et des honfleurais qui savent tout ce que Françoise a fait pour maintenir notre Fête des Marins, au moment de la Pentecôte. Je peux en témoigner bien évidemment, pour l’avoir rencontrée tant de fois pour préparer ensemble cette Fête qui peut paraître simple à organiser mais qui demande un travail immense de préparation, longtemps à l’avance, et qui repose, in fine, sur un tout petit groupe de personnes qui se font de plus en plus rares.

Je me souviens, chaque année, de son arrivée dans mon bureau pour préparer l’événement, enthousiaste, souriante, pleine de vie. Françoise se souciait de l’organisation de la fête, de la liste des invités, de la venue des fanfares, du défilé, du choix du bateau-amiral. Elle s’inquiétait de la météo. Elle souhaitait, tout simplement, que la fête soit une réussite. Elle voulait que les pêcheurs, les marins, les enfants, les familles, que les Honfleurais soient heureux, qu’ils quittent la fête, pleins de joie, de sourires et de souvenirs qui les aideraient à appréhender les mois suivants, dans la perspective d’une nouvelle Fête des Marins, à chaque fois renouvelée.

Françoise était sérieuse. Elle avait le don de l’organisation, je peux même dire du commandement. Elle restera dans l’histoire de notre ville la première femme à avoir été élue présidente de la Société des Marins.

Combien de fois m’a-t-elle dit qu’elle était heureuse que la Ville ait eu l’idée de mettre à disposition de la Société des Marins – la plus ancienne association de Honfleur née il y a 161 ans – la cabane des lamaneurs que nous surnommions ensemble « l’Amirauté », là-bas, à la fois loin du centre foisonnant de notre vieille ville, mais en même temps tout à côté, à l’extrémité du môle, près du petit phare à tête rouge, dans cette petite cabane blanche et bleue. Françoise y a présidé bien des commissions et bien des réunions. Elle avait la plus belle vue sur la ville. Elle me le disait souvent, et elle était très fière et rassurée lorsque je lui ai dit que le môle était sauvé et allait être réhabilité, grâce au projet de La Mora. En plus, me disait-elle, c’est un projet maritime auquel les jeunes seront associés. Elle était vraiment contente de ce projet. J’espère que de là où elle se trouve aujourd’hui, elle verra son évolution. Elle le mérite.

Je me souviens également de sa remise de la médaille de chevalier dans l’ordre du Mérite Maritime par son ami, et parrain pour cette cérémonie, Michel VANJON, que les Honfleurais ont bien connu. Françoise est une des rares femmes en France à avoir reçu cette prestigieuse distinction, pour son action en faveur du monde de la mer. Cet instant avait été très émouvant pour elle, pour ses proches, pour ses amis. Françoise ne pensait pas qu’un jour elle aurait été honorée de la sorte, et ce qu’elle faisait, elle le faisait avec bon cœur et générosité, bénévolement, pour aider, pour participer et aussi parce qu’elle aimait sa ville, ce Honfleur qui l’avait vu naître et qu’elle aimait avec cœur et passion.

Je la voyais pendant le pèlerinage jusqu’à Notre-Dame de Grâce. En montant les rues de Honfleur et en les descendant, quelle que soit la couleur du ciel : bleu, ensoleillé, ou gris sous la pluie, elle souriait. Elle était heureuse. Elle plaisantait, tout en restant aux aguets, surveillant ici ou là la moindre imperfection, le décalage, la procession. Elle regardait si la montée se passait bien, si les enfants n’étaient pas trop fatigués, si les maquettes n’étaient pas abîmées, et après le repas de clôture du lundi, elle venait me voir en me demandant systématiquement chaque année : « Alors, Monsieur le Maire, êtes-vous content ? Est-ce qu’on l’a réussie », pour terminer par l’expression « Encore une de passée ». Elle repartait bien souvent satisfaite.

Au-delà de cet hommage, je pense que dès que nous nous serons donnés un peu de temps pour la réflexion, nous essaierons de donner son nom à un lieu honfleurais en rapport avec la mer. Ainsi Françoise restera accrochée à notre histoire, à nos traditions qu’elle a si bien défendues et maintenues à nos côtés, à bout de bras, dans l’intérêt de nous tous.

Françoise a rejoint Michel VANJON, Jacques POULAIN, Mercédès VILLEY, Jean-Pierre AUBERT et tant d’autres. Ils ont tant de choses et d’histoires à se raconter.

Je garde de nombreux souvenirs d’elle, et à ma mémoire remontent aujourd’hui des images sur les différents bateaux des pêcheurs que nous avons empruntés ensemble. Ce sourire constant, cette joie de vivre et cette simplicité, étaient tellement communicatives. Françoise, vous nous manquez.

Nous ne vous oublierons pas, et je sais ce que vous pensez. Vous nous dites « La meilleure façon de ne pas m’oublier, c’est de maintenir cette magnifique Fête des Marins, contre vents et marées, comme nous l’avons toujours fait ensemble ». Nous essaierons, Françoise, de continuer pour vous et pour tous les Honfleurais qui aiment cette fête. Ils y sont attachés, parce qu’elle représente nos valeurs et notre histoire.

Je pense aux vôtres, à vos frères et à votre sœur, à votre famille, à vos amis, à nos chers membres de la Société des Marins, à tous les marins de Honfleur, quels qu’ils soient, nos pêcheurs bien évidemment, nos plaisanciers, à tous ceux qui aiment la mer et qui aiment Honfleur, parce que ce matin, ils sont dans la peine.

La grande famille Honfleuraise vient de perdre l’un de ses enfants, une femme d’exception qui cachait derrière sa modestie, son humilité, son sourire communicatif, un personnage éminemment cultivé, aimant l’histoire, les livres. Elle était curieuse, intéressée. Elle avait fait un travail admirable et unique sur la période de la traite négrière à Honfleur. Passionnée par cette histoire, elle était l’auteur d’une thèse qui nous a servi il y a quelque temps à expliquer cette période. Elle s’est également beaucoup investie pour apprendre aux autres. Elle était fière de donner des cours, de transmettre son savoir, de voir ses élèves progresser et réussir.

Françoise était une femme courageuse. Elle l’a démontré tous ces derniers mois, en luttant d’une façon extraordinaire, contre la maladie, avec une force et un courage exemplaires. J’adresse un message amical à celles et ceux qui l’ont entourée jusqu’au bout.

Françoise, nous ne vous oublierons pas. »

 

 

 

Michel LAMARRE

Maire de Honfleur

Vice-président du Conseil Départemental

 

 

Article publié le jeudi 29 septembre 2022